Le secret d’un nuage a-t-il un goût de barbe à papa ? A-t-il l’onctuosité de la crème chantilly ? L’odeur salée de l’écume des vagues ? Etreindre un nuage serait-ce comme embrasser de la vapeur d’eau ?

Se mettre dans la peau d’un nuage, voilà ce à quoi m’a invitée Fabien La Sala en me demandant de collaborer à sa prochaine création jeune public Dans les nuages, dont je prendrai en charge la dramaturgie et la mise en scène. Prendre de la hauteur, avoir à la fois un corps dense et opaque mais si léger qu’on puisse rester en apesanteur. Etre aussi polymorphe qu’un nuage, qui prend tour à tour la forme d’une tortue, d’un bateau ou d’un moulin à vent. Qui porte en lui autant la goutte ’eau que l’orage qui gronde ou la rivière qui serpente entre les roches. Un faiseur d’ombres sans qui on n’apprécierait pas le soleil.
Être l’absolue évanescence. L’insaisissable.

Dans les nuages va nous convier à nous approcher du nuage pour instaurer un dialogue entre nous en bas et lui en haut. Briser cette séparation verticale et aller flirter avec les hauteurs – cœur du travail de la Cie Rêve de Singe en danse-escalade, notamment par des scénographies qui permettent l’ascension et la suspension, ce qui sera le cas encore pour cette nouvelle création.

Aller susurrer à l’oreille d’un cumulonimbus pour qu’il nous livre ses secrets, ses rêves de survol et de nomadisme. Le nuage c’est le souffle, une matérialisation de l’air par le vent – nous travaillerons en ce sens avec les sons de flûte du musicien. La matérialité de l’eau par la pluie en puissance. Le nuage c’est l’évolution et l’adaptation absolues – quel rêve pour un danseur !

Deux artistes au plateau donc, un danseur, Clément Olivier, et un musicien, Vincent Lambinet, pour mettre en corps et en son cette fable nébuleuse. Le corps du danseur fera vivre ce témoignage, la tête dans les nuages, accompagné par les souffles du musicien – musicien qui sera à la fois témoin, support, personnage de l’histoire. Deux hommes sur scène prêts à se saisir de l’insaisissable corporéité du nuage, à briser l’horizontalité de la scène, à gravir les échelles pour aller coller leurs oreilles au creux des nuages et se laisser imprégner. Voir si, comme pour le coquillage, le nuage parle de vent, d’océan ou de présent.